NETTOYER LES FAÇADES

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  La pierre est un matériau plus ou moins poreux qui est soumis à différents phénomènes qui altèrent l'aspect de surface des façades :
  • Pollutions atmosphériques.
  • Encrassements d'origines minérales et organiques.
  • Humidité (remontées capillaires, condensation, infiltration, etc.)

  Ces agressions peuvent aussi générer des dégradations de la pierre et des mortiers de jointoiement (effritement, alvéolisation…). Une façade s'entretient en moyenne tous les 10 ans, un entretien régulier évite les gros désordres.

  Une fois la restauration effectuée, il faut surveiller les points délicats et limiter leur réencrassement : enduits, appuis de fenêtre, protections des cordons, corniches, graissage des volets et les parties horizontales non protégées par du zinc.

  Un diagnostic est indispensable avant toute intervention de nettoyage afin de définir la pathologie et de décider du procédé de nettoyage le plus approprié, sans nuire au matériau. Pour cela des essais sur des zones peu visibles sont nécessaires.


NETTOYAGE PAR RUISSELLEMENT ET BROSSAGE


  Les lavages par ruissellement d'eau se sont pratiqués sur les monuments en pierre calcaire jusque dans les années 1980. Aujourd'hui, ils sont déconseillés et remplacés par la projection d'eau à faible pression ou par la nébulisation (brouillard de microgouttelettes d'eau)
  • Des buses sont disposées en partie haute sur des rampes situées à une distance régulière de 30 cm par rapport à la surface de la pierre.
  • La pression est quasiment nulle et les quantités d'eau sont minimisées.
  • A chaque niveau des collecteurs récupèrent et l'eau afin qu'elle ne ruisselle pas jusqu'au bas de la façade.
  • Lorsque les salissures sont suffisamment ramollies les surfaces sont brossées.
                                                     
Collecteur d'eau

Inconvénients :
  • La mise en place des collecteurs de récupération apporte une complication supplémentaire dans l'installation de chantier.
  • La forte imbibition du matériau liée au grand volume d'eau sont utilisé peu amener plusieurs problèmes : des taches brunes dues à une migration de produits colorés (matières organiques ou ferreuses) peuvent apparaître à la surface des pierres ou au pourtour des joints.
  • La dissolution puis le transfert et l'évaporation des sels peuvent générer des efflorescences ou des pertes de petites écailles de pierre.
  • Les joints trop faibles peuvent être dégradés, l'eau s'infiltre alors par ces joints et peut endommager les fixations métalliques, dissoudre et remobiliser les matériaux à base de plâtre, altérer les circuits électriques encastrés, remplir les cavités situées dans les mortiers de blocage... Remplir des caves, des résurgences d'eau sont même possibles très loin de la zone lavée.
  • Dans les zones poreuses ou à l'arrière de la zone nettoyée, l'humidification des maçonneries peut aussi entraîner un développement d'algues, et peut même provoquer, en période hivernale, un risque de gel du matériau.
  • Une autre limite de cette technique est qu'elle traite un ensemble, elle est donc plus difficile à mettre en oeuvre sur une partie de façade.

NETTOYAGE PAR SYSTEME D'INJECTION-EXTRACTION


  L'injection-extraction est une technique de lavage à l'eau froide sous vide.
  • Un appareil équipé d'une tête de lavage et d'un bac contenant de l'eau courante projette de l'eau froide sous forme de fines gouttelettes. Le lavage sous vide provoque des turbulences qui détachent les particules de salissures.
  • L'eau sale est aspirée simultanément et stockée vers un réservoir séparé.
  • Les surfaces poreuses et délicates ne sont pas altérées, notamment en raison du non-recours à des produits chimiques agressifs.
  L'injection-extraction d'eau est très facile à mettre en oeuvre, aucune projection d'eau et aucun impact sur le matériau. Le besoin en eau est d'environ 30 litres par heure. Elle permet de nettoyer les façades mais aussi les sols (40 à 60 m² par heure et par personne pour le travail vertical et 200 à 300 m² par heure et par personne pour le travail sur sols, selon le degré de salissure).
                                                                         
appareil appareil

Inconvénients :
  • L' investissement dans ce type d'appareil.
  • Un compresseur à air comprimé est nécessaire.

NETTOYAGE A SEC PAR PROCEDE CRYOGENIQUE


  L'utilisation de la glace carbonique à -78° (CO2) comme agent de décapage est un procédé de nettoyage qui s'effectue sans eau, sans sable, sans produits solvants ou corrosifs et sans poussière.
  • Un appareil projette la glace carbonique au moyen d'un flux d'air sous pression de quelques Bars.
  • Accélérée au moyen d'air comprimé jusqu'à la vitesse du son, la glace sèche vient frapper la couche que l'on souhaite éliminer.
  • Sous l'effet de la température très basse, la couche à éliminer devient cassante, se contracte en se fissurant et se détache du support en raison de la diminution de son adhérence sur ce dernier, ce qui permet à la glace sèche de passer sous la couche.
  • La glace sèche pénètre dans la couche et s'évapore immédiatement, ce qui produit une augmentation de volume de 700 % environ et a pour effet de provoquer le soulèvement de la couche de surface.
  • Les salissures tombent à terre et il ne reste plus qu'à ramasser et traiter les déchets.
                                                                   
appareil

Inconvénients :
  • L' investissement dans ce type d'appareil.
  • Un compresseur à air comprimé de forte puissance est nécessaire.
  • Ce procédé génère beaucoup de bruit : de 86 db à 116 db, et parfois plus.
  • Se fournir en glace sèche peut être problématique.
  • La glace sèche est livrée en conteneurs qui ont une durée de conservation très limitée.
  • Il est nécessaire de porter des lunettes de protection en permanence afin de se protéger les yeux.

NETTOYAGE PAR SABLAGE FIN ABRASION A SEC ET HYDRO-ABRASION


  Le Sablage fin consiste à projeter par dépression des poudres de différentes natures et duretés, et de diamètre inférieur à 150 - 200 microns.

  Les conditions suivantes sont recommandées :
  • La pression doit être inférieure ou égale à 3 bars en sortie de buse.
  • La taille, la dureté et la forme des particules ainsi que la taille de la buse sont à adapter au support et aux salissures.
La poudre peut être projetée soit :
* A sec avec de l'air comprimé (sablage fin à sec ou abrasion à sec).
* Avec de l'eau (sablage fin humide ou hydro-abrasion).

Le sablage fin à sec


Le sablage fin à sec est réalisable en hiver puisqu' il est effectué sans eau. Cela limite les risques d'infiltration, d'apparition d'efflorescences, de tâches. En outre, il peut être utilisé sur des surfaces bien délimitées.

  Poudres les plus couramment utilisées : (la dureté est exprimée en Mohs échelle fixant la dureté des minéraux de 1 pour le talc à 10 pour le diamant)
* Alumine (9 Mohs)
* Quartz (7 Mohs)
* Verre broyé ou microbilles de verre (6 à 7 Mohs)
* Calcite broyée ou en microbilles (3 Mohs)
* Noyaux de fruits concassés, rafle de maïs... (< 3 Mohs)

Inconvénients :
  • Nuisances dues à la poussière et au bruit.
  • Pour l'opérateur, un équipement de protection spécifique contre l'inspiration des poussières est indispensable.
  • Le chantier doit être parfaitement protégé pour limiter la diffusion des particules dans l'environnement (passants, autres façades, gouttières...). Un brouillard d'eau, une aspiration des poussières peut être nécessaire pour diminuer ces nuisances.
  • Le sablage fin est peu efficace sur les organismes végétaux (lichen, mousses...).
  • La manipulation demande beaucoup d'attention sous peine de causer rapidement des dommages irréversibles sur les moulures ou les parties sculptées.
  • Après le sablage, l'opérateur doit nettoyer la façade par un jet d'air ou un rinçage à l'eau car les poussières résiduelles peuvent sédimenter en restant accrochées au parement ou sur les parties saillantes.
  • Lors du sablage, le risque de dégradation est important car la vision de ce que l'on fait est très limitée.
  • En plus de la machine, un compresseur à air comprimé est nécessaire.

                                                               
sablage


Le sablage fin humide

  Dans le cas du sablage humide (ou hydro-abrasion), une sortie d'eau permet d'humidifier par brumisation la poudre à l'intérieur ou à la sortie de la buse. Cela à pour principal effet de réduire le dégagement de poussière autour de l'opérateur.
  Les machines conseillées limitent la pression de l'eau à quelques bars alors que d'autres produisent des pressions élevées qui les rendent inutilisables sur les monuments sous peine de provoquer une forte érosion de la matière.
  D'autres machines proposent une projection par buse rotative : la poudre prend alors un trajet en spirale et lui donne ainsi une direction tangentielle.

Inconvénients :
  • En période hivernale, risque de gel du matériau.
  • Risques d'infiltration d'eau, d'apparition de taches ou d'efflorescences.
  • Les poudres peuvent contenir des produits polluants solubles.
  • La manipulation demande beaucoup d'attention sous peine de causer rapidement des dommages irréversibles sur les moulures ou les parties sculptées.
  • La récupération du sable mouillé peut être laborieuse. 
  • Un équipement de protection spécifique contre les projections est indispensable.
  • En plus de la machine, un compresseur à air comprimé est nécessaire.
                                                                             


NETTOYAGE PAR MICRO-ABRASION A SEC

  Le nettoyage est réalisé à l'aide de microsableuses utilisant des poudres fines (í < 80 μm), des pressions inférieures à 1 bar et des buses à petite ouverture. Les microsableuses sont utilisées pour les décors architecturaux, les parties très moulurées ou le statuaire.
  Les poudres les plus couramment utilisées sont les microfines de verrerie et le corindon blanc “ poudres d'alumine ”.
  La micro-abrasion (ou microsablage) est une technique largement utilisée. Elle permet, après dégrossissage mécanique (fraises de dentistes par exemple), d'éliminer des croûtes noires très dures et permettre d'atténuer des incrustations superficielles de vert de gris ou de rouille.
 
Inconvénients :
  • Il n'est pas possible par microsablage de nettoyer des surfaces très fragiles. Celles-ci doivent être consolidées préalablement.
  • Il est difficile de nettoyer correctement les parties fortement concaves d'une sculpture (interstices entre les doigts d'une main par exemple) sans sur-abraser les partie convexes adjacentes.
                                                                         
Collecteur d'eau Collecteur d'eau


NETTOYAGE PAR APPLICATION DE COMPRESSES


Le Pelage

  Le pelage ou peeling est une technique de nettoyage à sec applicable sur supports cohésifs, non friables. Il désincruste la crasse sur des supports minéraux, organiques (stuc, plâtre, marbre, pierre naturelle, briques, etc …)
  Il s'agit de produits liquides qui en séchant forment un film solide et souple que l'on peut retirer comme on pèlerait un légume. Les salissures qui adhèrent au film, sont éliminées lorsqu'on le retire.
  Cette méthode permet un nettoyage à sec, doux, non agressif, préservant la patine des supports fragiles, des oeuvres d'art et des sculptures.

  Les films pelables se présentent sous différentes formes :
  • Du gel a base d'alcool polyvinylique et de propylène de glycol dont l'application se fait en deux couches séparées par un textile non tissé en coton.
  • Du produit à base de latex et d'ammoniaque, très fluide qui permet de traiter des pierres dont la surface présente des cavités.
  La pâte est appliquée en couche de 2 à 3 mm (au rouleau, au pinceau ou par projection). Après séchage, le décollage du film pelable est pratiqué manuellement. Ces produits sont en général totalement biodégradables et ne nécessitent aucun recyclage particuliers.

Inconvénients :
  • Cette méthode doit être utilisée sur des matériaux très cohérents car les risques d'arrachements lors de l'élimination du film sont très importants.
  • La composition du produit utilisé, signalant la présence de certains produits chimiques, peut nécessiter le port d'un masque de protection respiratoire.
  • Le chantier doit être parfaitement protégé des intempéries en tenant compte du temps de séchage variable, selon l'hygrométrie et l'humidité relative, de 24 à 72 heures en extérieur, jusqu'à 7 jours en intérieur.
  • Le chantier doit être protégé des rayons solaires et dans la mesure du possible on doit obtenir le maintient d'une température constante durant la période de séchage. Ce point important limite souvent l'usage de ce procédé aux parties intérieures de  la construction.
  • Dans certains cas, un rinçage final à l'aide d'une éponge humide sera nécessaire afin d'améliorer le nettoyage.
  • La température ambiante d'application doit être au minimum de 10°C.
  • Le prix de ce type de produit est plus élevé que celui des poudres de gommage.                                             
                                                                             

Les Cataplasmes

  Un cataplasme humidifié est projeté contre la façade. Les salissures se ramollissent à son contact et se décollent. Le cataplasme est retiré avec une spatule en plastique souple. Un brossage doux sous arrosage permet d'éliminer les salissures restantes.
  L'utilisation de cataplasmes prolonge l'action de l'eau sans apport excessif et sans pression. Les risques de creuser le support sont minimisés.

  Il existe plusieurs procédés brevetés de cataplasmes :
  • Cataplasme à base de laine de roche mélangée à une faible quantité de liant ou sans liant et dont l'humidification est assurée par un réseau de tubes micro-poreux, gérée par des capteurs
  • Cataplasme d'argiles fibreuses (pour maintenir l'humidité) avec charge de sable, laine de roche et poudre de pierre ponce.
Inconvénients :
  • Ces procédés sont réservés aux pierres peu capillaires (afin d'éviter les pénétrations d'eau).
  • La parfaite étanchéité des joints ou des fractures doit être assurée de façon provisoire ou définitive.
  • Le taux d'humidité doit faire l'objet d'un contrôle rigoureux.
  • Le nettoyage est long (une à plusieurs semaines), son avancement est contrôlé en découpant des petites fenêtres à intervalles réguliers.
                                                                         


NETTOYAGE PAR PROCEDES CHIMIQUES

  Les produits chimiques utilisables sans danger pour le nettoyage des pierres calcaires sont peu nombreux et nécessitent beaucoup de discernement car il est indispensable de s'assurer qu'aucune réaction chimique nes'effectue avec le carbonate de calcium.

  Certains produits dangereux doivent être totalement proscrits :
  • La potasse
  • La lessive Saint-Marc
  • L'hydrate de soude. Dans les cas extrêmes, la cristallisation des sels des produits à base de soude ou de potasse provoque l'éclatement des pierres calcaires.
  • L'acide chlorhydrique (acide muriatique). L'utilisation des acides est tentante et s'explique par la vitesse d'action que l'on obtient pour enlever les croûtes noires. Mais l'action n'est pas sélective et elle est difficilement contrôlable. La réaction ne s'arrête pas facilement et  même le lavage et le brossage immédiat ne permettent d'éviter que l'acide appliqué ne pénètre en profondeur par capillarité.
  • Les produits alcalins, qui, s'ils ne sont pas neutralisés dans les minutes et les heures qui suivent, présentent des cas pathologiques. Dans les cas les moins graves, des taches de colorations diverses : blanches, jaunâtres et des efflorescences apparaissent.

  On emploiera plutôt des produits à base de bifluorures (de sodium et d'ammonium), qui se décomposent dans l'eau pour donner de l'acide fluorhydrique, et ne réagissent pas avec le carbonate de calcium.

  Plusieurs applications ont montré que les précautions essentielles pour l'emploi de ces produits étaient nécessaires :
  • Protéger les surfaces vitrées, car le bifluorure attaque chimiquement le verre (dépolissage).
  • Ne pas dépasser la durée de contact préconisée par le fournisseur.
  • Après application, effectuer immédiatement un rinçage abondant à l'eau.
 
  Les détergents classiques sont à utiliser avec précaution, même si l'emploi de certains est théoriquement favorable, quand leur rôle est de diminuer la tension superficielle de l'eau en mouillant mieux la croûte noire pour favoriser son ramollissement.

  Les détergents se classent en trois catégories :
  • Les tensioactifs dérivés des amines, qui ont un double rôle : accroissement du pouvoir absorbant et action désinfectante, mais ils n'ont aucun effet sur les salissures.
  • Les tensioactifs à base de sulfonates alcalins, qui réagissent avec le carbonate de calcium, mais sans action dissolvante sur les croûtes de salissures. Ces produits risquent de former des sels solubles générateurs d'efflorescences.
  • Les tensioactifs dérivés de l'oxyde d'éthylène, qui ne présentent pas d'inconvénients, à condition que leurs résidus sont totalement enlevés par lavage et brossage.
Inconvénients :
  • L'utilisation de ces produits nécessite un rinçage à grande eau des parties traitées. L'imbibition du matériau peu amener plusieurs problèmes : des taches brunes dues à une migration de produits colorés (matières organiques ou ferreuses) peuvent apparaître à la surface des pierres ou au pourtour des joints.
  • Les produits contenant du difluorure de sodium, du difluorure d'ammonium peuvent présenter des risques en cas de projections. Le port de gants et de lunettes de protection est vivement conseillé.
Pulvérisateur


NETTOYAGE AU LASER

  Ce procédé récent et très coûteux demande l'intervention d'une personne qualifiée pour le nettoyage, sous la surveillance étroite de l'architecte restaurateur. Utilisé sur les éléments majeurs des édifices monumentaux, l'avantage de ce procédé est son extrême précision.
  Son inconvénient majeur, outre son coût, est sa lenteur et sa complexité de mise en oeuvre. Par ailleurs il est indispensable de se protéger les yeux dans le cadre de son application, le laser pouvant créer des lésions oculaires irréversibles.

  En savoir plus sur le nettoyage laser :
        * Le laser de nettoyage de la pierre et la restauration des sculptures par Philippe Bromblet et Thomas Vieweger :   Cliquez ici                                                                                                                   
                                                                                     


ATTENTION ! N'oubliez pas...

   - Evitez l'utilisation de l'eau en extérieur avant et pendant les périodes de gel.
   - Procédez à une analyse détaillée du support et des moyens disponibles avant de choisir le procédé de nettoyage.
   - N'employez le nettoyage par pression ou abrasion que sur les pierre très dure à froide. Technique à proscrire sur les surfaces moins dures, les pierres tendres.






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