LES P'TITES HISTOIRES
Pour les Petits et Grands N'enfants ...

LA PIERRE DE FOLIE par Jany Dino



Trouver des cailloux dans la tête, ce serait de la folie, non ?!!...
En tout cas, ce n'est pas avec ces pierres là que l'on a construit les cathédrales au moyen-âge...

  L'opération de la pierre de tête était très fréquente au XVIèm et XVIIèm siècles. Son extraction était censée guérir de la folie...
On pensait que la pierre responsable de la maladie avait son siège dans le cerveau, c'est pourquoi on avait recours à une intervention chirurgicale consistant à percer le crâne pour en extraire le fameux caillou.

  Déjà dans l'antiquité grecque, Claudius Galenos (129-199) avançait la fumeuse théorie selon laquelle l'ouverture du crâne ne devait pas obligatoirement avoir la mort pour conséquence... Alors, l'idée se propagea affirmant que "la méchante pierre du haut mal" pouvait être extraite sans aucun soucis.

  Jusqu'au milieu du XVIIèm siècle, les "tailleurs de pierre" de la guilde des barbiers, qui passaient pour des professionnels aguerris, parcouraient les pays et, à grand renfort de magie noire et autres message subliminaux, opéraient en gagnant beaucoup d'argent. Les superstitieux et les hypocondriaques restaient ébahis devant leurs tours de passe-passe.

  Oui, car en fait, tous ces bonshommes de médecins étaient bien sûr des charlatans qui trépanaient joyeusement en faisant apparaître au bon moment, au creux de leur main, une pierre qu'il avait en fait ramassée dans un chemin...


L'illustration de cette intervention est souvent présente dans l'imagerie populaire et notamment dans la peinture hollandaise et flamande. La supercherie était bien connue et sa représentation illustrait le charlatanisme, la bêtise et la tromperie...
  Dans le tableau ci-joint, "L'extraction de la pierre de la folie", datant de 1485, Jérôme Bosch se moque de ces ignorants.

  Manifestement, le corpulent bourgeois s'est laissé convaincre par la nonne et le moine à avoir toute confiance dans le tailleur de pierres.
Ce dernier est représenté avec un entonnoir du savoir porté à l'envers sur sa tête en guise de chapeau. Ceci le caractérise en tant que médecin des fous.
  La nonne, par ignorance ou sur les conseils du charlatan, fait un usage totalement décalé du livre de la connaissance médicale en le portant sur sa tête.

  Les guérisseurs, au lieu de se référer aux conseils et connaissances qui y sont mentionnés, exercent dans la plus grande fantaisie.

  Ci-dessous, un autre tableau, de Pieter Bruegel, met en scène une échoppe spécialisée dans le traitement de la folie.

  Au centre de la composition, le chirurgien principal, imperturbable et tout de noir vêtu, enlève la pierre du crâne d'un malade à l'aide de tenailles. A ses pieds sont éparpillés ses instruments de supplice, pinces, lancettes et crochets de fer...
Le patient, en se débattant, plante ses doigts dans l'oeil d'un assistant qui essaie de le maîtriser.
  Près d'eux, un petit personnage au regard morne, coiffé d'un gobelet, et vautré dans une corbeille d'osier et active les braises d'un feu à l'aide d'un soufflet.
A gauche, un autre patient sanglé à sa chaise, se retrouve chevauché par un chirurgien qui lui enfonce dans le crâne la lame de son couteau.
A l'arrière-plan gauche, un militaire, la tête bandée, a le pied posé sur son casque, cependant qu'une religieuse s'active à panser la cicatrice d'un autre malade, allongé de tout son long sur sa chaise, et sanglé lui aussi.
A droite, un malade amené par un homme vêtu de rouge qui veut l'ausculter, commence à dégainer le poignard qu'il porte à sa ceinture.
Et ce sont d'autres malades qui s'agglutinent à la porte, le front marqué d'une bosse. Ils ont tous l'air hagard et le regard fuyant.
Le tableau fourmille de détails truculents, et dans tout ce micmac, on peut même apercevoir un curieux petit personnage à l'arrière, nu et accroupi... en train de déféquer...
C'est un vent de folie qui passe dans cette œuvre, et qui dénonce ces traitements barbares, d'un autre temps.



L'extraction de la pierre de folie a inspiré de nombreux peintres


Gérard Dou (1650)

Van der Bruggen(1650)

Hemessen Cirujano Prado (1555)

Lucas Van Leyden (1525)


Anonyme

Pieter Huys (1560)

Pieter Jansz (1630)


Ces "tailleurs de pierre" si particuliers ont fait souffrir tant d'innocents, tout en les spoliant...
Il fallait bien construire quelques cathédrales pour qu'ils puissent un jour espérer leur pardon...






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